La démocratie municipale, le Canada de 2030 et un gars en bobettes

La démocratie municipale, le Canada de 2030 et un gars en bobettes

Je suis de retour et je devrais être plus assidu dans les prochaines semaines, mon « rush » de l’automne étant terminé. J’ai quelques autres projets en cours, dont la réalisation de mon traditionnel bêtisier de l’année qui sera diffusé après Noël, mais j’aurai quand même plus de temps.

Démocratie municipale

Beaucoup de choses m’ont remis sur le chemin de l’urbanisme dans les dernières semaines. Entre autres, j’ai donné la conférence d’ouverture du colloque de Rues principales, une organisation qui aide les communautés à revitaliser les artères principales et les noyaux villageois de leurs municipalités, petites ou grosses.

J’y ai entre autres parlé de la langue de l’aménagement urbain dans les médias. Je trouve qu’il y a une sorte de déconnexion entre le langage de l’aménagement urbain qui ressemble parfois à la langue de bois, et le traitement médiatique des enjeux urbains. On peut parfois avoir l’impression que la discussion autour d’enjeux urbains relève du pelletage de nuage parce qu’elle nécessite de penser à moyen et long termes et implique des concepts qui ne sont pas toujours intuitifs.

Les figures médiatiques populistes déforment les analyses autour de ces projets et ridiculisent leurs porte-étendards lorsqu’ils ne fittent dans le moule de leur utopie individualiste.

Il y a peut-être de ça dans le fait que le taux de participation aux élections municipales est si bas. Ces enjeux sont pourtant ceux qui touchent du plus près les gens. Mais les gens décident de ne pas s’impliquer.

Antoine Robitaille dans le Journal de Montréal a une autre explication:

« Mon hypothèse : cette ignorance (réelle ou perçue) est la résultante du type de médias dominants à notre époque numérique (réseaux sociaux, système télévisuel à la carte). Elle est finie l’ère des médias de masse où tous communiaient quasiment aux mêmes informations, où personne ne pouvait échapper aux informations politiques diffusées à la une des journaux, des radiojournaux, des téléjournaux. Aujourd’hui, il est normal et naturel pour chaque individu de s’extraire de la conversation nationale et de s’enfermer dans ses niches d’intérêt. Voilà qui favorise le « décrochage civique », terme utilisé hier à QUB par le juriste Patrick Taillon. »

Je suis plutôt d’accord avec ça. Ce dont je me rends compte en croisant des jeunes de nos jours, mais aussi les moins jeunes, c’est qu’ils consomment de moins en moins nos médias. Ils s’informent sur les réseaux sociaux. Le défi sera d’aller les chercher où ils sont et non pas de tenter de les attirer dans nos véhicules médiatiques anciens. Comment le faire sans devenir l’esclave des fameux GAFAM? C’est ce qu’il faudra résoudre comme énigme.

Surtout que les réseaux sociaux font la part belle aux théories douteuses. On apprenait la semaine dernière que Breitbart, ce média anciennement opéré par un ami de Donald Trump, était parmi les plus populaires auprès des climatosceptiques sur Facebook.

« Breitbart est le producteur le plus influent de publications sur la négation des changements climatiques sur Facebook, selon un rapport publié mardi qui suggère qu'un petit nombre d'éditeurs jouent un rôle démesuré dans la création de contenu qui sape la science climatique. Le site d'actualités et de commentaires d'extrême droite est l'un des 10 éditeurs responsables de près de 70 % des interactions avec le contenu climatosceptique sur Facebook, selon une étude du Center for Countering Digital Hate (CCDH). Ce groupe d'éditeurs, surnommé le « Toxic Ten » par le CCDH, comprend des organisations ayant des liens avec des gouvernements étrangers, tels que RT, ainsi que des liens avec des géants des combustibles fossiles, tels que Media Research Center. »

Un véritable fléau.

La ligne est mince

La désinformation est toujours à l’oeuvre dans les médias et chez les politiciens. En matière d’environnement, Maxime Bernier nous a offert une belle prédiction cette semaine.

Donc ce ne sont pas les changements climatiques le danger, ce sont ceux qui veulent le contrer. Eh ben.

Du côté d’Éric Duhaime, son parti a partagé récemment une parabole qui démontrait prétendument l’importance de défendre nos libertés. L’affaire, c’est que c’est une histoire piquée au Cameroun.

Il y a visiblement un réseau mondial de la démagogie. Il est possible de s’inspirer de ce qui fait ailleurs. Du meilleur comme du pire. Radio X est toujours quelques semaines en retard sur les procédés rhétoriques malhonnêtes de Fox News.

Ces politiciens surfent sur la mince ligne entre la défense des droits et libertés et le conspirationnisme. L’objectif est de rameuter ces derniers sans être discrédités totalement en adhérant à leur cause.

Passer de l’autre côté

Il en va de même dans les médias. Si certains n’hésitent pas à donner une voix aux élucubrations de quelques charlatans, la plupart ne franchissent pas la ligne de participer eux-mêmes à la dénonciation des présumés complots. C’est pourquoi j’ai été surpris de voir que Jérôme Blanchet-Gravel, cet autoproclamé intello qui me semble être avant tout un gars habile avec Antidote, participer à une émission qui donne sans aucun doute dans les théories du complot et l’anti-vaccination.

On le devine wannabe Mathieu Bock-Côté, mais malgré les réticences que j’ai vis-à-vis des idées de ce dernier, en se radicalisant ainsi, M. Blanchet-Gravel n’est pas dans la bonne voie pour lui faire concurrence.

On le verra peut-être dans une de ces nouvelles loufoques qui nous surprennent chaque semaine. Les deux plus surréalistes des derniers jours étant celle-ci: « Un Canadien accusé d’avoir défié la quarantaine pour participer à une conférence à propos de la Terre plate, mort de la COVID. »

Et celle-là: « En bobettes, il retire enfin sa fausse nouvelle »

Heureusement, il n’a pas retiré aussi ses bobettes.

S’il vous reste du temps...

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