Oui à la première partie, mais abolissons les rappels!

Oui à la première partie, mais abolissons les rappels!

Je vous arrive un peu plus tôt cette semaine. C’est que pour deux jours de suite, j’anime La journée est encore jeune et j’ai donc plus de temps libre.

Les abonnés premium de cette infolettre pourront lire à la fin de ce texte qu’il m’arrive d’avoir des scrupules sur ce que je diffuse à la radio. Je vous parle du cas des images d’archives d’Alex Boissonneault et de celles d’un dude du PCQ qui a l'air un peu nono.

L’hypocrisie du rappel dans les concerts de musique

Inspiré par Patrick Lagacé, j’ai eu envie de lancer une polémique cette semaine. Ça pourrait être très bon pour les cotes d’écoute de cette infolettre.

Pour rappel, Patrick a écrit dans une chronique qu’il en avait plein son casque des premières parties très peu ponctuelles avant les concerts de musique à Brossard. Je paraphrase. Suite à cette prise de position, la totalité de l’industrie musicale lui est tombée sur le chou, ce qui l’a incité à persister et signer.

Étant un grand consommateur de shows de musique (mais pas à Brossard), j’ai développé au fil des années une expertise qui me permet d’arriver au bon moment dans un show. J’ai une sorte de don pour estimer à quelle heure l’une des premières parties que j’ai envie de voir débutera, ou simplement directement quand le show principal commencera. J’arrive aussi à synchroniser ça avec un niveau de buzzage optimal.

Je ne suis donc pas contre les premières parties, mais j’aimerais juste savoir d’avance quelles sont-elles, dans quel ordre elles s'exécuteront, et à quelle heure chacune des prestations commencera pour que je n’aie pas à guesser. Me semble que ce serait assez simple à faire. Ça se fait ailleurs dans le monde. Je suis allé voir un show de rock garage à Tokyo et ils étaient assez ponctuels pour des punks, mettons. C’est vrai que les Japonais ont la réputation d’être plus ordonnés que les Brossardois, remarquez.

Peu importe, ce n’est pas à ce sujet que je veux semer la bisbille. Non, moi ce que je trouve scandaleux, ce sont les rappels. Vous savez ce moment où il faut crier et applaudir pour montrer qu’on aime tellement le band qu’on est venu voir qu’il n’a pas le choix de revenir faire ses meilleures tounes? Tout le monde sait qu’ils vont revenir et le band aussi le sait. Mais nous acceptons de jouer dans cette triste pièce de théâtre en applaudissant comme des dégénérés. Quelle hypocrisie, quelle tromperie, quel faux-semblant de générosité. « On allait se coucher, mais si vous insistez, d’accord, on va faire nos meilleures tounes ». Eille, c’est quoi ce niaisage-là?

Est-ce que c’est déjà arrivé dans l’histoire de l’humanité qu’un artiste, insatisfait du peu d’insistance du public, décide de rester dans sa loge? Je ne croirais pas. À moins peut-être que ledit artiste soit trop défoncé pour revenir sur scène. On nous prend pour des idiots.

Au fil du temps, c’est devenu automatique, comme donner un pourboire au restaurant, comme les ovations debout au théâtre ou en humour. On va toujours donner du pourboire, que le service ait été bon ou pas. On va toujours se lever, par mimétisme en voyant la personne devant soi trouver que c’est le meilleur show de leur vie, en tout cas, depuis celui de la semaine passée où ils ont fait une ovation et celui de la semaine prochaine où ils en feront une aussi également.

Intégrons le pourboire d’emblée sur les factures, abolissons les ovations tant qu’à en faire tout le temps, et mettons fin au maudit niaisage des rappels. On va tous s’économiser beaucoup de tracas.

Le problème évidemment, c’est la coordination. Comme pour l’horaire des premières parties, le pourboire et les ovations, y’a personne qui est game d’être le premier à le faire. Personne qui veut partir le mouvement. Une belle gang de pissous. Personne qui veut envoyer un courriel de groupe à la mailing list des artistes de la planète pour leur dire d’arrêter ce guidounage futile. Et nous, le public, on se sent impuissant devant tout ça. Comme des cons, nous allons continuer de bêler pour être certains que Metallica fera Enter Sandman.

Pathétique.

Plogues

Pour qui créer?

Je blaguais (un peu) quand je disais vouloir semer la controverse avec cette sortie contre les rappels pour faire augmenter mon lectorat, mais c’est vrai que c’est le genre de contenu qui peut faire réagir.

Ça me fait penser à ce texte dont j’ai obtenu copie par l’entremise de Patrick Tanguay. C’est un texte de Anu Atluru, entrepreneuse et/ou chercheuse, à propos des médias et des machines. Elle estime que notre ère est façonnée par la fusion des médias et des machines, forces qui étaient autrefois distinctes.

« Les réseaux sociaux ont refondu l’ensemble du portrait de la création et de la culture. Ces plateformes sont devenues nos nouvelles villes, économies et dieux (et c’est devenu aussi spectaculaire et effrayant que cela puisse paraître.) Maintenant, ce que nous appelions autrefois l’« économie de l’attention » a englouti l’économie traditionnelle. Les carrières s’élèvent et s’effondrent en fonction de l’affinité algorithmique. Les marchés évoluent à la vitesse des sujets tendance, des mèmes et d’un sentiment toujours plus inconstant. Nous habitons maintenant le monde qu’ils ont créé, où chaque interaction est à la fois une entrée et une sortie pour le superorganisme. »

Dans ce nouveau monde où presque plus rien n’existe hors du numérique et où tout contenu est pensé conjointement avec sa mise en marché, Atluru se demande si nous « créons encore pour les gens, ou pour la machine qui les alimente? »

On dirait qu’on n’a plus le choix de voir le monde dans les yeux de la machine. Joan Westenberg elle dit qu’elle a cessé de miser sur l’économie de l’attention:

« Et voici l’ironie : quand j’ai arrêté de chasser les regards, j’ai commencé à bâtir la confiance. Quand j’ai abandonné l’algorithme, j’ai trouvé un public. Pas une foule — un public. Des gens qui ne se contentent pas de faire défiler, mais qui s’arrêtent réellement. Lisent. Pensent. Répondent. Des gens qui ne sont pas là pour la décharge de dopamine, mais pour la clarté, la perspicacité, l’invitation à se retirer aussi. Quitter l’économie de l’attention ne signifie pas disparaître. Cela signifie choisir d’importer à moins de personnes, plus profondément. »

Personnellement, je joue un peu le jeu de cette économie. Pas avec cette infolettre, où je ne fais pas vraiment dans le clickbait (sauf aujourd’hui), mais sur mes autres publications. J’essaie toujours de voir ce qui serait le plus optimal pour être vu sur les réseaux sociaux. Quand on produit du contenu (quand on est un influenceur comme moi), c’est le fun quand ce contenu... est vu. Je ne crée pas du contenu pour que la machine l’aime, mais j’essaie que la mise en ligne le rende attirant. Je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à la mise en marché de toute façon, alors ce n’est pas optimal. Mais c’est un juste milieu je trouve. En tout cas, en attendant d’être entièrement avalé par la machine…

Les Khmers verts

Depuis 2012 que je suis ce qui les exagérations des climatosceptiques dans les médias. J’ai vu l’évolution des noms qu’ils donnent aux écolos. J’ai vu enverdeur, environnementeurs, melon d’eau (vert à l’extérieur, communiste à l’intérieur), alarmistes, greens, wokes (comme toute) et bien d’autres.

Cette semaine, notre ami Jean-François Caron, cet éminent professeur d’université kazakh qui se sacre de la vérité, nous a sorti un nouveau terme.

Les Khmers rouges auraient fait autour de deux millions de victimes au Cambodge, en passant…

Musique

Je suis pas encore sûr que j’aime le nom des Viagra Boys, mais j’aime cette toune de leur nouvel album:

⚑ PREMIUM: Les archives d’Alex Boissoneault

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