Dans le cerveau des gens qui ne posent pas de questions

D’abord, merci à tous ceux qui m’ont écrit pour me proposer des idées de sujets, ça m’inspire beaucoup. N’hésitez pas à m’écrire si d’autres choses vous intriguent. Par exemple si vous voulez savoir si Linda Lemay est fine dans la vraie vie, quelle est la vérité derrière le départ de Yanick Bouchard du 98,5 ou qui a vraiment assassiné JFK. Sachez par contre que je n’ai réponse à aucune de ces questions.

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Les abonnés premium de cette infolettre pourront lire en bonus, à la fin de cette édition, tous les détails (ben, ceux que je peux dire) de l’épisode disparu de La journée.

Poser la question…

Je suis tombé sur un article de The Guardian qui m’a interpellé la semaine dernière. Ça s’intitule: « Les gens qui ne me posent pas de questions me rendent fou. Pourquoi sont-ils comme ça? ». L’autrice nous parle du concept de « non asker ». Ça sonne un peu comme les concepts un peu loufoques dans Seinfeld, comme le « close talker », qui parle trop près de la face des gens. Il y a aussi le « low talker » qui parle pas fort (certains diraient que je fais partie de cette catégorie), le « high talker » à la voix si aiguë qu’on croit qu’il est une femme et le « sidler », qui s’approche sans bruit et apparaît soudainement à vos côtés.

Je ne sais pas trop comment traduire « non-asker », ça sonne un peu bizarre en français, un « pas-demandeur » ou un « pas-poseur-de-questions ». On pourrait juste dire quelqu’un de pas curieux, mais ce n’est pas si précis. Voici comment l’autrice décrit le personnage:

« Mes amis et moi avons trouvé le terme « non-demandeur » grâce à mon ami Scott, qui l’a trouvé grâce à son amie Carole, qui est dans sa cinquantaine, vit à New York, et a inventé ce terme pour décrire les hommes avec qui elle avait des rendez-vous il y a environ 10 ans. Ces hommes étaient de vrais champions pour s’exprimer longuement sur leur propre vie. « Mais quand le moment est venu de poser des questions sur moi, il y avait juste le silence », a dit Carol. « Ils voulaient juste quelqu’un pour leur poser des questions et les écouter, je suppose ? »

D’ailleurs, l’autrice évoque comme hypothèse une différence de genre:

« Dans son livre de 1990, You Just Don’t Understand (Vous ne comprenez tout simplement pas), la linguiste Deborah Tannen a écrit sur les différences entre la façon dont les hommes et les femmes envisagent la conversation : les femmes la considèrent comme un moyen de se connecter (elles posent donc plus de questions), et les hommes, comme une performance (ils font donc plus de déclarations). »

Mais elle explique qu’il y a plein de femmes qui ne sont pas plus curieuses que les hommes. Elle dit que de nos jours, l’anxiété peut facilement ressembler à de l’égocentrisme parce que l’on angoisse à l’idée de s’ouvrir aux autres: « Les gens veulent sentir qu’ils ont été choisis pour raconter leurs histoires, pas forcés, et que lorsqu’ils demandent aux autres de le faire, ils ne se sentent pas forcés ou importunés. » On éviterait de poser des questions pour que l’autre ne se sente pas obligé de répondre, donc.

C’est drôle parce que j’ai l’impression de vivre un peu l’inverse. Je ne raconte pas ma vie d’emblée parce que j’ai l’impression que je vais forcer les autres à subir mes histoires pas si intéressantes. C’est nono, parce que j’ai probablement pas mal de choses crunchy à raconter à cause de mon métier. Genre des potins sur Lynda Lemay.

J’économise beaucoup les mots, alors je me dis que lorsque je me donne la peine de parler, ça doit être significatif. C’est peut-être pour ça que je parle peu. Ça, et surtout parce que je suis pas vite vite. Des fois on pourrait penser que je suis un « non-asker » parce que je suis lent à formuler une question dans ma tête. Je m’intéresse vraiment à l’autre, mais la logistique de la question est parfois complexe, dans ma tête. J’écoute tellement intensivement mes interlocuteurs que j'ai de la misère à penser à une relance en parallèle. C’est pour ça que je ne trippe pas tant lorsque je dois remplacer à l'animation d’une émission de radio populaire. Ça me ramène dans mes histoires d’introversion. Ça doit être parce que je fais une conférence sur le sujet dans quelques semaines.

Par contre, j’ai une très bonne écoute et je me suis rendu compte au fil de ma vie lors des innombrables fois où j’étais incapable de m’extirper d’une conversation qu’il y en a beaucoup, des « pas-poseurs-de-questions ». Des gens qui ne veulent que parler d’eux et qui ne se posent pas la question à savoir si c’est vraiment intéressant. Ce sont des non-asker qui s’askent pas à eux-mêmes ce genre de question existentielle: je suis tu si hot que ça?

Plogues

• 🎥 OLI 24/7 - Vouvoiement à l'école et civisme à l'Assemblée nationale
• 🎥 OLI 24/7 - Sam Hamad et les vrais cyclistes qui ne sont pas sur les pistes cyclables
• 🎥 OLI 24/7 - Documentaire sur la poignée de main entre Mark Carney et Donald Trump
• 🎥 OLI 24/7 - Bisbille chez les conservateurs fédéraux, provinciaux et locaux
• 🎥 OLI 24/7 - Des nouvelles de Natilien Joseph, député amateur de photos coquines

Les clones sans cerveau

Eh oui, je suis encore tombé sur une vidéo TikTok qui m’a fascinée. C’est tiré d’un balado sur la « business » en France qui s’appelle Legend et qui a reçu un « investisseur en immortalité, crypto, IA », etc.

J’avais enregistré un segment dans Olivier Niquet en jaquette à ce sujet, que j’ai effacé à la dernière minute parce que je trouvais ça pas super fiable. Je ne suis pas super rigoureux, mais y’a des limites. En gros, le mec explique qu’il avait été invité à investir dans une entreprise qui veut utiliser des mères porteuses pour accoucher de clones sans cerveau de personnes riches qui voudront éventuellement récolter leurs organes à la pièce. Ça se peut, naître sans cerveau, en passant. Il y a même un dude qui vivait sans problème avec 10% de cerveau. L’investisseur en immortalité (je me trouve niaiseux d’écrire ça) dit qu’on peut configurer ces clones pour naître sans cerveau avec seulement ce qu’il faut pour respirer et pour que le cœur batte.

À quel point c’est de la bullshit? Je sais pas. Le gars a l’air quelque peu baratineur. Par contre, en tant qu’amateur de science-fiction, je n’ai aucun doute que ce soit déjà possible ou que ce le soit bientôt. Sérieusement, avec les tech-bros mégalos qui dominent le monde en ce moment, doutez-vous qu’ils pensent à ça?

Si Robert Miller est capable de se payer une cellule de cryogénisation, imaginez Elon Musk.

Rififi à droite

Je suis avec amusement la chicane dans la réaco-mano-sphère (je sais plus comment appeler ça). J’en ai parlé un peu à La journée, mais tout le monde a l’air fâché contre tout le monde suite à la défaite de Pierre Poilievre.

Les conservateurs fédéraux ne seraient pas assez sympathiques à la cause du Parti conservateur du Québec, selon les influenceurs de droite. À l’inverse, on se souvient que ces derniers avaient tenté de noyauter le PCC en Beauce:

En 2019, le conservateur Richard Lehoux avait délogé Bernier dans la Beauce. Jusqu’à il y a quelques semaines, tout indiquait que Lehoux allait de nouveau être candidat. Sa réélection était pratiquement assurée, selon plusieurs. Mais à l’interne, une frange issue du Parti conservateur du Québec (PCQ) a tenté de le déloger, ce que Lehoux a qualifié publiquement de tentative de «putsch». Bien qu’il ait réussi à faire confirmer sa candidature par le chef, il a finalement choisi de laisser sa place.

Les sympathisants du PCQ ne semblent en revanche pas avoir apprécié le peu d’appui du PCC au lancement de la campagne d’Éric Duhaime dans Arthabaska. L’affaire, c’est que j’ai l’impression que les influenceurs du chaos sont plus près idéologiquement de Maxime Bernier que de Pierre Poilievre. Quand je dis idéologiquement, je parle qu’ils sont des organisations à but lucratif, pas vraiment à but de prendre le pouvoir. D’ailleurs, dans une discussion à ce sujet, nos influenceurs pirates se demandent sur leurs liens avec Bernier peut faire que le PCC boudent leurs tribunes de sous-sol.

Cet épisode est quand même fascinant:

Selon eux, les gens de droite sont stigmatisés parce que les conservateurs n’ont pas su harnacher les médias alternatifs comme ç’a été fait à Québec depuis la fin des années 90:

« - C’est que les députés conservateurs du Québec, ou de Québec en fait, ou de la grande région de Québec, pensent, dans leur tête, que c'est grâce à leur souper spaghettis qu'ils sont là, sacrament.
- Non. La seule raison pourquoi, c'est Radio X qui a commencé à creuser toute la patente en 1996. Parce que c’était pas conservateur avant ça, au Québec, à Québec, là.
- Pour avoir des députés conservateurs, ce que ça prenait, c'était de faire tomber les stigmates. C’est quoi faire tomber les stigmates? C’est que tu peux avoir une conversation avec des amis, dire que t'as voté conservateur et personne te regarde de haut, tout le monde veut continuer de prendre une bière avec toi, et les gens sont intéressés à savoir pourquoi, et des fois même ils vont dire « moi aussi ». Mais ça, tu peux pas faire ça à Drummondville, présentement. Tu peux pas faire ça à Saint-Hyacinthe, présentement. Tu peux pas faire ça à Matane non plus, ni à Cabano, mon petit patelin. Tu peux pas te vanter d'être conservateur dans ces places-là. »

Non, ça doit pas être facile, être conservateur à Drummondville. Une minorité ostracisée, c’est certain. Ils se cachent pour pouvoir vivre leur différence en cachette, les pauvres.

Ajoutez à ça que Poilievre est en chicane avec Doug Ford et ça nous fait un beau portrait de la droite qui balance entre l’économie et la jambonnerie. D’ailleurs, dans la vidéo de Radio Pirate, Jeff Fillion dit avoir mangé récemment avec Éric Duhaime et qu’ils ont parlé stratégie.

J’ai déjà hâte de voir comment ça va virer.

Musique

Choses Sauvages a un nouvel album. Toujours bien bon.

⚑ PREMIUM: L’épisode disparu de La journée