Un match dont vous êtes le héros obscur

Le Sportnographe, toujours à l’affût de nouveautés, copie son concept en l’adaptant pour la sauce du jour et il vous offre la possibilité de vivre l’impossible, c’est-à-dire participer à une joute de Canadien.  Vous l’avez encouragé virtuellement contre le Toronto, maintenant, la grande ligue s’ouvre sérieusement à vous avec un brin de votre grande imagination.  Le vous sera utilisé au masculin en tant que, vous, le lecteur héroïque.  Afin de vous aider dans vos sages décisions, un puissant ordinateur simulera pour vous les précieux conseils d’un entraîneur virtuel mais personnel du nom de Bob_6722.  Vous ne trouvez pas ça plaisant, courez au paragraphe 210 « Steve Jr., je n’aime pas ça » ; sinon, dirigez-vous vers le 20 « Je veux participer à une joute ».  Si vous lisez ceci, vous n’avez pas compris le concept, allez au paragraphe 10 « Je ne comprends vraiment pas », c’est-à-dire le suivant.

10 >> Je ne comprends vraiment pas

Vous avez maintenant compris le concept, et le Sportnographe tient à vous féliciter.  Comme vous l’avez remarqué, il suffit de faire un choix et d’aller simplement au paragraphe mentionné selon votre décision.  Alors, vous êtes prêt ?  Vous ne trouvez pas ça plaisant, courez au paragraphe 210 « Steve Jr., je n’aime pas ça » ; sinon, dirigez-vous vers le paragraphe 20 « Je veux participer à une joute ».  Si vous lisez ceci, vous n’avez pas compris le concept, allez au paragraphe 10 « Je ne comprends vraiment pas », c’est-à-dire le présent paragraphe.

20 >> Je veux participer à une joute

Assis devant votre écran, vous lisez ceci et cela, et votre téléphone retentit soudainement (si votre téléphone sonne actuellement, n’ayez pas peur, répondez, et revenez à l’article, c’est vraiment un heureux hasard).  Instinctivement, vous vous levez et prenez le combiné virtuel.  Vous prononcez alors vos salutations habituelles :

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Oui, c’est qui ?

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Canadien, répond la voix basse de Tricolore.

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Canadien ?

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Oui.

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Ah ! Canadien.

Après les présentations d’usage, Canadien exige votre présence au match de ce soir contre le Boston et il vous demande de préparer immédiatement votre poche de hockey et de venir chausser vos patins.  Si vous lui répondez « Canadien, j’arrive », allez au paragraphe 50 « Je me pince et vais faire ma poche de hockey » ; si vous lui marmonnez « Canadien, je ne sais pas patiner », patinez sur la bottine vers le paragraphe 30 « Je serai un batailleur... ».

30 >> Je serai un batailleur...

Nerveux, vous vous dirigez vers l’amphithéâtre.  À l’intersection teintée de rouge, vous vous demandez à l’instant même si vous pourrez porter votre porte-bonheur, le numéro 83.  Le temps passe, et, après avoir stationné votre voiture près du panneau « Le batailleur », essoufflé, vous arrivez finalement chez Canadien qui vous attendait.  Si vous vous enfermez immédiatement dans la salle de bain, tremblez au paragraphe 40 « Canadien, je ne veux pas vous faire honte » ; si vous êtes impatient de commencer, enfilez votre habit de hockeyeur, assoyez-vous sur le banc de Canadiens et allez à 60 « Coach, je suis prêt.  Bob_6722 vous suggère de trembler au paragraphe 40 « Canadien, je ne veux pas vous faire honte ».

40 >> Canadien, je ne veux pas vous faire honte

Vous pleurez, pleurez, soupirez et prononcez les mots pourquoi et moi.  Surprise, Bob_6722 jaillit devant vous.  Il vous remercie de suivre ses conseils et il vous annonce qu’il vous transmet son grand talent de patineur pour l’occasion.  Confiant, fier et inspiré par Bob_6722, vous vous habillez de tout votre équipement, vous chevauchez vos patins et vous embarquez sur la surface gelée, entouré de Canadien.  Deux coups de patin plus tard, vous vous retrouvez les quatre patins en l’air et vous vous immobilisez.  La foule vous aime déjà, mais Tricolore ne veut plus de vos services en prétextant qu’un batailleur devrait se battre sur ses deux fers.  Les enfants, il ne fallait peut-être pas se fier à un ordinateur pour nous léguer le savoir du coup de patin.  C’est la fin, déjà.

50 >> Je me pince et vais faire ma poche de hockey

Vous ne croyez toujours pas à cette invitation soudaine, mais vous arrivez instantanément chez Canadien avec l’aide de Bob_6722, le téléporteur entraîné.  Vous saluez Canadien et vous prenez votre place dans le vestiaire, près de la douche, assis sur le dos de la poubelle rouge.  Tous les joueurs étaient prêts mentalement, donc habillés et protégés.  La nervosité vous envahit, mais vous prenez vos patins à votre cou et vous sautez habilement sur la glace de Canadien.  Vous saluez vos parents qui sont spécialement venus pour vous voir patiner aux côtés de Canadien et pour analyser s’ils peuvent se fier à vos talents comme plan de retraite.  Après quelques tours de votre zone défensive, vous vous assoyez timidement sur le banc du bleu-blanc-rouge.  Vous vous dites : « Il est gros le Boston. »  Inquiet, vous regardez le tableau indicateur, et le pointage de zéro à zéro vous rassure.  Si vous êtes prêt, allez au paragraphe 60 « Coach, je suis prêt » ;  si vous trouvez l’article trop long, sauvez-vous vers le 210 « Steve Jr., je n’aime pas ça ».

60 >> Coach, je suis prêt

Le Sportnographe vous donne une tape sur l’épaule en vous chuchotant : « Bonne chance ! »  Vous regardez vos idoles et vous prenez une minuscule gorgée de jus sportif désaltérant.  Quel plaisir d’être assis à l’extrémité du banc de Canadien !  Le coach vous approche, il sort son tableau à dessins et vous annonce votre mission qui était écrite dans son plan de match.  Après analyse, vous serez assigné aux petites choses, celles qui font la différence.  La joute débute, et le jeu vous semble plus gros que nature.  Excité, vous riez dans votre barbe de série en respectant les instructions de l’entraîneur.  Si vous offrez gentiment une bouteille de jus désaltérant à Mike Ribeiro, allez au paragraphe 70 « Tiens, Canadien, du jus » ; si vous donnez un coup de bâton qui encourage sur les jambières d’Alexei Kovalev, pointez votre beau regard vers le 80 « Vas-y Canadien, vas-y ».  Bob_6722 vous suggère d’aller au paragraphe 70 « Tiens, Canadien, du jus ».

70 >> Tiens, Canadien, du jus

Vous passez la gourde de bon jus jaune à Mike en lui mentionnant que vous avez sa carte de hockey non autographiée.  L’entraîneur lui ouvre la porte, et, après une petite gorgée et un gros merci français, Mike saute sur la glace tatouée du CH.  Vous criez : « Chapeau, beau changement ».  Pour ne pas être uniquement le porteur d’eau, vous donnez un coup de bâton qui encourage sur les jambières d’Alexei Kovalev.  Allez au 80 « Vas-y Canadien, vas-y ».

80 >> Vas-y Canadien, vas-y

Kovalev accumule vos encouragements de bâton et il saute dans la mêlée.  Quel bel athlète  vous dites-vous en espérant demeurer sur le banc.  En fait, vous n’avez jamais eu d’aussi bons billets et vous devriez être heureux.  Vous remerciez le Sportnographe et, de très près, vous observez la joute.  Canadien patine, lance la rondelle dans le fond du Boston et patine en suivant la rondelle.  Vous notez que, ce soir, Canadien pratique le 1-2-2, une chose que l’entraîneur ne vous avait point mentionnée, curieux.  L’arbitre siffle, pointe, remonte et pointe le filet du Bruins.  C’est le but de Tricolore que votre Koko a enfilé.  Si vous sautez de joie et vous félicitez Canadien, allez au paragraphe 100 « Canadien, Canadien, hourra ! » ; si vous pleurez de joie, dirigez-vous vers le 90 « Canadien, je suis tellement ému que... ».   Bob_6722 vous suggère d’aller au paragraphe 100 « Canadien, Canadien, hourra ! »

90 >> Canadien, je suis tellement ému que...

Une larme, deux larmes et voilà les peurs, vous reniflez votre bonheur et vous vous félicitez du pointage.  Le capitaine de Canadien vient essuyer vos larmes, mais l’entraîneur ne tolère pas votre pleurnichage et il vous envoie à la douche.  Comme vous dirait le baron s’il était là, un homme ne pleure jamais. Vous ne saurez donc jamais si la grande ligue était pour vous, c’est la fin.  Bob_6722 vous avait pourtant prévenu du danger.  La technologie m’impressionnera toujours.  Vous êtes probablement déçu, mais vous pouvez toujours vous diriger vers le paragraphe 210 « Steve Jr., je n’aime pas ça ».

100 >> Canadien, Canadien, hourra !

Comme vous l’avez vu à la télévision, vous sautez, criez et encouragez vos coéquipiers.  Le trio s’approche du banc de Tricolore et tape fièrement dans votre main, le duo qui le suit de près l’imite, et Youppi ! motive la foule qui jubilait déjà.  La chimie vous impressionne, et vous en parlez spontanément à Saku Koivu, votre capitaine.  Le vacarme de la sirène démontre la fin de la période aux spectateurs.  Pendant que les spectateurs s’achètent ceci et qu’ils font cela, vous vous concentrez.  L’entraîneur dessine alors trois P au tableau.  Si vous levez la main, allez au paragraphe 110 « Canadien, je connais la réponse » ; si vous écoutez attentivement votre coach, lisez le paragraphe 120 « Coach, je vous écoute ».  Bob_6722 vous suggère de lire le paragraphe 110 « Canadien, je connais la réponse ».

110 >> Canadien, je connais la réponse

En sautillant et en vous trémoussant sur votre siège désigné, vous levez votre main, vous la poussez encore un peu plus haut et encore un peu plus haut.  Dans la douche, en hologramme, Bob_6722 se rit de vous (dans le sens de se moquer de vous, vous aviez compris).  La technologie est parfois si coquine.  Avec le sourcil enragé, l’entraîneur se dirige vers vous, et, avec toute votre élégance, vous prononcez les trois mots de votre enfance : « Passe, patin, position ».  Personnellement, je crois que votre partie se termine ici et, puisque j’écris ces lignes, je dois inévitablement avoir raison.  C’est la fin de votre aventure.

120 >> Coach, je vous écoute

L’entraîneur prononça des consignes que seuls les professionnels peuvent comprendre.  La deuxième période commence et se termine après vingt minutes de jeu et quelques pauses publicitaires.  Un interviewer spécialisé vous demande de répondre à ses questions.  Si vous prenez une serviette à votre cou et allez à l’entrevue, dirigez-vous vers le paragraphe 130 « Définitivement, je pense que... » ; si vous désirez vous concentrer sur le match, patientez au paragraphe 140 « Je me concentre ».  Bob_6722 vous suggère de vous diriger vers le paragraphe 130 « Définitivement, je pense que... », il a toujours aimé les entrevues sportives.

130 >> Définitivement, je pense que...

L’immense caméra vous fixe de son œil de verre, et l’interviewer sort son gigantesque micro du Sportnographe (le monde est petit, comme vous dites), et il vous pose ses questions :

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Vous n’avez pas beaucoup joué jusqu’à maintenant,  mais nous avons senti votre présence tout au long des deux périodes.  Comment analysez-vous votre performance ?

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... (à vous de choisir, c’est vous qui êtes l’interviewé)

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Votre équipe joue bien, vous avez le vent dans les voiles, vous avez pris les devants trois à zéro, et la foule est derrière vous.  Comment se sent-on à son premier match dans l’uniforme de Canadien ?

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...(comme vous voulez, c’est vous qui passez à la télévision)

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La saison n’a pas toujours été facile, comment expliquez-vous vos derniers succès ?

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...(vous avez compris le principe, à vous la parole, mais Bob_6722 vous suggère de chuchoter si vous êtes au bureau)

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Cuir ?

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Plutôt vinyle.

Je vous épargne les autres questions, car l’entrevue a par la suite dérapé, mais vous avez très bien fait ça.  Si vous désirez vous concentrer un peu sur le match avant la troisième période, patientez au paragraphe 140 « Je me concentre » ; si vous attendez la mise au jeu officielle avec impatience, sautez au paragraphe 150 « Coach, la troisième commence ».  Bob_6722 vous suggère de patienter au paragraphe 140 « Je me concentre ».

140 >> Je me concentre

Prenez le temps qu’il vous faut.  Concentrez-vous.  Lorsque vous êtes prêt mentalement, allez au paragraphe 150 « Coach, la troisième commence ».

150 >> Coach, la troisième commence

Vous gagnez tranquillement la confiance de l’entraîneur, car, effectivement, la troisième période vous attendait pour commencer son décompte.  Assis à votre poste vous admirez le Boston qui s’impatiente et bougonne au centre de la glace.  Si vous dites à l’entraîneur que vous désirez vous battre, allez au paragraphe 160 « Coach, je veux me battre » ; si vous enjambez la bande et vous foncez, battez-vous au paragraphe 170 « Coach, je me bats » ; sinon, dirigez-vous sagement vers le 190 « Coach, j’apprécie mon rôle obscur ».  Bob_6722 vous suggère de vous battre au paragraphe 170 « Coach, je me bats ».

160 >> Coach, je veux me battre

Vous vous levez, car vous étiez assis.  Vous gesticulez alors à votre entraîneur : « Puis-je me battre proprement, Coach ? »  Et, d’un grand sourire, le Coach accepte et vous envoie dans la fosse aux lions bostonais.  Allez au violent paragraphe « Coach, je me bats »

170 >> Coach, je me bats

Le Sportnographe et toute son équipe tiennent à souligner votre courage qui sera peut-être légendaire, demain.  Vous patinez en direction du plus petit lion bostonais.  Chapeau, vous avez appris vos leçons : ne jamais s’en prendre au plus gros que soi.  Vous jetez vos gants et la foule applaudit votre naïveté.  Si vous regrettez votre choix, réfugiez-vous au paragraphe « Steve Jr., je n’aime pas ça » ; si vous relevez le défi, continuez la lecture, mais vous ne pourrez point dire que le Sportnographe ne vous a pas offert plus d’une porte de sortie.  Pensez-vous sérieusement vous sortir indemne de cette bataille ?  À vous de décider.  Si vous croyez en vos chances, relevez vos manches et allez au paragraphe 190 « Je suis Canadiennnnnn ! » ; si vous changez d’idée, dirigez-vous vers le 180 « Mamannnn ! viens me chercher ».  Bob_6722 vous suggère d’aller chercher votre mère au paragraphe 180 « Mamannnn ! viens me chercher ».

180 >> Mamannnn ! viens me chercher

Apeuré, les yeux fermés, vous vous écroulez sur la glace, vous vous placez désespérément en position foetus ou en position « petite boule » et vous attendez la suite en entendant les échos d’insatisfaction et de déception.  Après plusieurs minutes où vous vous êtes donné le ridicule en faisant le mort, vous décidez de vous relever tranquillement.  Tous les joueurs étaient prêts et, étonnés, ils attendaient la mise au jeu qui permettrait d’écouler le chronomètre.  Vous revenez alors au bout du banc et vous vous assoyez, honteux.  Le Boston compte un but, deux buts et il égalise le pointage.  L’émotion ou le momentum n’est plus, la foule s’est tue, vous avez fait honte à Canadien.  Le Bruins lance et compte, et la défaite est amère.  Canadien ne fait pas les séries, votre carrière sans succès se termine, c’est donc la fin de l’histoire.

190 >> Je suis Canadiennnnnn !

Cher lecteur, vous êtes brave ou peut-être innocent.  Or, pour foncer, vous foncez.  Arrivé à votre destination, vous envoyez votre plus beau coup directement sur le nez du Boston. Le Bruins s’élance de sa plus belle droite et il se fracasse la main dans votre grille amateure.  Vive le hockey mineur.  Vous profitez de ce moment de douleur du Boston pour lui faire la prise de l’ours, du jamais vu.  On vous en parlera encore dans vingt ans.  Le Boston déclare forfait.  Vous lui donnez une tape d’encouragement sur les fesses et vous vous dirigez noblement vers le banc des condamnés.  L’aiguille de l’émotion ou du momentum délire dans le haut du cadran.  Canadien dégage, lance et compte, et la victoire est mémorable.  Canadien gagne la coupe, votre carrière s’est limitée à un seul combat, mais votre nom résonnera encore longtemps dans les murmures du centre Bell.  Fin.

200 >> Coach, j’apprécie mon rôle obscur

En effet, chacun a son rôle.  Vous êtes déjà reconnu pour vos petites choses et vous les faites bien.  La joute terminée, vous vous dirigez vers Cristobal Huet, vous lui offrez un coup de tête amical en lui donnant le crédit et vous vous éclipsez dans l’ombre.  Vous êtes un vrai héros obscur.  Continuez votre beau travail.  C’est la fin.

210 >> Steve Jr., je n’aime pas ça

Le Sportnographe vous souhaite, selon le moment de votre lecture, une excellente journée, soirée ou nuit.  Merci d’avoir participé et, je sais, c’est totalement futile. Fin.

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