Cette semaine, je vous présente dix histoires débiles autour du culte MAGA, je vous parle d’un sketch mettant en vedette Maxime Bernier, et les abonnés premium pourront lire le récit des coulisses de mon aventure avec la toune de campagne générée par l’IA de Sam Hamad.

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Petite semaine dans le culte MAGA

Il y a des semaines où je me dis que ça doit être très très facile et en même temps très très inquiétant de faire le genre de travail que je fais, mais aux États-Unis. Je veux dire, le travail de documenter les folies des médias, des influenceurs et des politiciens. Ici, je trouve qu’une grosse semaine, c’est quand Luc Boileau traite un « pilote » de trottinette de « laid », Sam Hamad sort une toune faite avec l’IA sans le savoir et Éric Caire passe à la Commission Gallant.

Dans les derniers jours, les États-Uniens ont dû se taper des histoires qui sont pas mal plus inquiétantes que l’incompétence des artisans de SAAQclic. Juste cette semaine, j’ai noté ces dix histoires complètement débiles (ou à peu près):

Donald Trump est tanné des musées qui brossent un portrait négatif de la période esclavagiste de son pays. Semble-t-il que c’est rendu que de vouloir dénoncer l’esclavage, c’est woke: «Le Smithsonian est HORS DE CONTRÔLE. On y montre seulement à quel point notre pays était horrible, à quel point l’esclavage était terrible et à quel point les opprimés n’ont pu s’accomplir – rien sur le succès, rien sur la brillance, rien sur l’avenir », a écrit Trump. Il dit ça comme s’il n’y avait pas déjà des centaines, voire des milliers de musées à la gloire des États-Unis. Estifi, c’est y’a une nation qui arrête pas de se trouver bonne, c’est bien les É.-U..

C’est drôle parce que les gens de sa gang sont généralement du genre à se battre pour préserver des statues en hommage à des ordures sous prétexte qu’il faut se rappeler de l’histoire. Tout d’un coup, c’est plus nécessaire. Ça me rappelle en 2020, quand Jean-Christophe Ouellet de Radio X avait dit qu’il y avait des bons et de mauvais propriétaires d’esclaves, tout en précisant que « ça va avoir l’air bizarre ce que je vais dire ». C’était justement dans le contexte d’une statue d’esclavagiste à déboulonner.

Propagande suprémaciste à la Maison-Blanche. Je vous parlais de « dilogie » il y a quelques semaines, et bien la dilogie des mèmes publiés par les employés de l’administration Trump n’est pas subtile pantoute. « Les images évoquent un récit selon lequel "nous avions une civilisation et une culture blanches merveilleuses qui ont été décimées par ces personnes qui n'appartiennent pas à notre pays, qui, pour la plupart, ne sont tout simplement pas blanches" ». Des mèmes super sympas comme celui-ci:

C’est non seulement du dog whistling, mais c’est carrément de la cruauté. On se réjouit de la souffrance de quelqu'un. La cruauté, c’est rendu cool, dans certains cercles. Cette propagande à la gloire de l’Amérique blanche a des effets à petite échelle. En Arkansas, un dude a décidé de partir un quartier réservé aux blancs hétéros. Déjà que les quartiers réservés aux 50 ans et plus, c’est stretché, là, c’est une coche au-dessus. Surtout que le gars en question a une copie de Mein Kampf dans sa bibliothèque a remarqué le New York Times. Difficile de se tromper sur ses intentions.

Dans le même genre, disons que l’islamophobie va bon train dans certains coins du pays. Cette candidate républicaine a décidé de brûler un Coran avec un lance-flamme.

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Tout ça la même semaine où Trump a décidé de faire interdire l’immolation du drapeau états-unien, même si un tribunal avait décidé que ça faisait partie de la liberté d’expression. Nos chantres locaux de la libarté n’en n’ont pas parlé…

L’administration Trump fait du sabotage scientifique. Il y a eu bien sûr l’histoire de la responsable des statistiques sur l’emploi congédiée parce que le président n’aimait pas les statistiques sur l’emploi (on ne pourrait pas trouver de meilleur exemple pour illustrer l’expression « tuer le messager »), et là, on a l’effacement des données sur le climat: « Trump veut délibérément saboter deux satellites de la NASA qui mesurent les quantités de CO2 dans l’atmosphère. Deux machines de haute technologie qui ont coûté des centaines de millions de dollars à construire, qui fonctionnent de façon admirable et qui ont encore plusieurs années de service devant elles. » Ce qu’on sait pas ne nous fait pas mal, je suppose. Jusqu’à ce que ça fasse mal. Ah, et ils ont aussi décidé d’arrêter les projets d’éoliennes. Le problème avec l’éolien, c’est que ça empêche de vendre du gaz, vous savez.

Les règles pour encadrer l’IA sont en voie d’être détournées. Meta (et les autres, sans doute) a décidé d’investir beaucoup d’argent pour convaincre les législateurs de leur laisser faire ce qu’il veulent en matière de développement de l’IA. Ils disent entre autres qu’il ne faut pas freiner l’innovation, parce que ça laisserait toute la place aux Chinois avec qui la Silicon Valley est en concurrence. C’est probablement vrai, et ça ne nous tente pas plus qu’une IA chinoise domine le monde qu’une IA des tech bros. Nous sommes vraiment à un moment important de l’histoire et je ne peux pas dire que je suis très optimiste. Ce bout du texte du chercheur Wael Saleh dans Le Devoir exprime bien cette situation:

« Il est désormais évident que le pouvoir ne se conquiert plus uniquement sur les terrains militaires traditionnels, mais se déplace vers les infrastructures immatérielles du monde contemporain : flux invisibles, architectures techniques, lignes de code. Ce glissement stratégique vers l’espace numérique s’accompagne d’une injustice technologique grandissante. L’inégalité d’accès aux infrastructures, aux données et à l’intelligence artificielle creuse un écart profond entre les puissances dominantes et les pays marginalisés. Parallèlement, une idéologie réactionnaire émerge, portée par certaines plateformes numériques et figures influentes. Elle mêle libertarianisme technologique, rejet des régulations publiques et légitimation de discours politiques radicaux. Le numérique, loin d’être neutre, devient ainsi un levier de domination globale, consolidant des rapports asymétriques et menaçant les fondements démocratiques. »

Les inégalités vont augmenter à un rythme exponentiel.

La société de surveillance resserre son emprise. Le nombre de fouilles des téléphones aux douanes a augmenté de 17% par rapport au sommet précédent qui datait de 2022. Wired rapporte: « Depuis le début de l'année, les personnes se rendant aux États-Unis ont signalé de longues détentions, des fouilles de téléphone intrusives et auraient été refusées à l'entrée en raison du contenu de leurs appareils. » C’est pas rien, va falloir s’acheter un burner phone pour pouvoir aller jouer au golf en Floride. Imaginez maintenant les droits qu’ils se donnent pour espionner les données des États-Uniens (et les nôtres).

Donald Trump ordonne des enquêtes pour se venger de ses pourfendeurs. Il a fait fouiller la maison de l’ancien ambassadeur aux Nations-Unies, John Bolton, parce qu’il n’a pas aimé ses critiques. Trump instrumentalise les tribunaux et comme le dit Yves Boisvert, c’est inquiétant: « Nous enquêtons sur Bolton, mais s’ils décident de l’accuser, ce sera parce qu’ils ont déterminé qu’il a enfreint la loi. » Un « nous » particulièrement inquiétant, la police et la justice n’étant pas censés être entre les mains des politiques. » Allo la séparation des pouvoirs.

Dans un point de presse, Trump a dit que certaines personnes aimeraient qu’il soit un dictateur.

Trump: "A lot of people are saying maybe we'd like a dictator."

Aaron Rupar (@atrupar.com) 2025-08-25T15:00:01.184Z

Il a aussi dit qu’il a le droit de faire ce qu’il veut, vu qu’il est président.

Trump: “I have the right to do anything I want to do. I’m the president of the United States. If I think our country is in danger, and it is in danger in these cities, I can do it.”

The Bulwark (@thebulwark.com) 2025-08-26T19:51:21.411Z

Ces deux affirmations n’étaient espacées que de quelques heures. Jusqu’à maintenant, je me fiais à l’analyste Jacinthe-Ève Arel qui avait dit que Trump ne pourrait pas être dictateur parce que c’est interdit, aux États-Unis, mais tout d’un coup, je commence à avoir des doutes.

Ce qui inquiète par-dessus tout ça, c’est que MAGA est devenu un culte. Je suis fasciné par cette photo des calottes à la gloire de Trump exposées à la Maison-Blanche. J’aimerais être dans la tête des dirigeants étrangers à qu’il il présente sa collection…

J’espère que je ne vous ai pas trop déprimé. J’ai fait ce petit résumé parce que ça m’a frappé, cette semaine. Pourtant, c’est une semaine comme une autre dans ce monde dystopique. Plusieurs trouvent qu’on parle trop des États-Unis dans nos médias. Mais ce qui se passe aux États-Unis se passe ici aussi, ou se passera ici aussi. À plus petite échelle, sans doute, mais quand même. Il y a des gens qui ne font que plagier ce modèle chez nous. Et des fois, ça marche.

Je suis un bouffon

J’essaie de faire des vidéos sur les réseaux sociaux de temps en temps… parce que les gens sont sur les réseaux sociaux. Ils sont parfois republiés par des comptes louches, mais influents sur X. Cette semaine, Jeff Fillion m’a traité de bouffon.

Je parle dans la vidéo d’un scientifique qui dit qu’il y a de plus en plus de moustiques qui transportent des maladies à Las Vegas. Sa réponse: bouffon. Bon, c’est vrai que je fais des petites jokes, mais au moins je ne suis pas un bouffon malgré moi, comme c’est son cas…

Beau sketch

Maxime Bernier a fait un beau sketch avec une figure de proue des complots, Amélie Paul.

@amelie_paul

Iron Influenceuse 23 - Je me présente pour être première ministre 🇨🇦 (avec coaching de Max Bernier)

♬ original sound - Amélie Paul - Amélie Paul

Je pense qu’on peut dire qu’il est désespéré.

Musique

On dirait que je n’ai pas découvert de bonnes nouvelles chansons récemment. Celle-là est pas pire. C’est Mac DeMarco.

⚑ PREMIUM: les dessous de mes aventures avec la chanson de Sam Hamad

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