Aujourd’hui, je vous parle des bas-fonds de X qui sont devenus ses hauts-fonds et de l’état d’internet. Ce n’est pas très réjouissant.
Quand les droites se chicanent sur X
Ma dernière publication sur X date de novembre 2024, mais je continue de m’y rendre chaque jour. J’y passe environ deux minutes pour prendre le pouls de la mano-facho-sphère. C’est toujours bon de savoir ce qui se passe hors de notre bulle et en matière de bulle, Bluesky que je fréquente beaucoup plus assidument, est une pas pire balloune.
C’est assez beau de voir ce que X est tranquillement devenu depuis le départ des abonnés plus « progressistes » vers les autres plateformes. Le microclimat québécois sur ce réseau social a pris une tangente assez divertissante. En gros, comme la droite mal pensante n’a plus grand monde avec qui se chicaner, ses ténors ont entrepris de se chicaner entre eux. La droite jefffillionnienne (que Mathieu Bock-Côté appelle « droite de Québec » même si au fond, c’est juste une droite sous-trumpienne) s’obstine nuit et jour avec la droite nationaliste et/ou anti-immigration.
Un petit exemple de la teneur des discussions.

D’abord, Mathieu Bock-Côté se fâche contre « l’immigration massive » et les travailleurs temporaires qui nous envahissent. Frank le Dédômiseur lui répond en disant qu’il devrait lâcher Lionel Groulx et se concentrer sur l’économie. Bock-Côté lui dit, je paraphrase: « pff, t’as même pas lu Groulx ». Frank plogue la COVID dans sa réponse (la COVID est éternellement d’actualité sur X). Raffael Cavaliere, ancien président du PCQ d’Éric Duhaime qui a tourné sa veste et semble maintenant appuyer le PQ s’insère dans le débat en disant que le libéralisme économique a mené au wokisme (ça manquait de wokes, cette histoire). Enfin, Jeff Fillion traite ledit Cavaliere de qsiste. Avouez que c’est magnifique.
Et ça transcende les paliers, puisque Mathieu Bock-Côté s’attaque aussi à Daniel Brisson sous-fifre de Maxime Bernier qui qualifie le PQ de « PQ solidaire communiste » parce qu’il veut imposer des normes environnementales. Ici, on a des gens qui s’entendent qu’il faut contrer l’immigration. C’est le cheval de bataille de Mathieu Bock-Côté et de Maxime Bernier. Mais MBC défend le PQ en disant qu’il n’est pas si vert que ça.

Je pense que M. Bock-Côté est prêt à faire le grand écart pour défendre le Parti Québécois, notamment dans la partielle d’Arthabaska. Il a appuyé Alex Boissonneault qui a changé:
« (C’est plus) un espèce d'anarcho, encagoulé, sentant mauvais, agressant les policiers, semi-denté et désireux de casser de la boutique et de la vitrine. »
Frédéric Lacroix, le « chercheur indépendant » qui est complètement obsédé par l’immigration (il réussit à en parler dans pas mal toutes ses publications), a même dit que Ian Sénéchal et son chummé Dédômiseur l’avaient traité de raciste.

Notez quand même ici comment M. Sénéchal ne jure que par les stats sur X: j’ai invité le PQ et 30 000 personnes ont vu passé ma publication, comment ça se fait que le PQ s’est pas senti invité?
Tout ça pour dire que c’est un méchant beau shit show. Bien sûr, il n’y a pas que ça. Comme il n’y a plus vraiment de gens plus à gauche sur X, à part quelques-uns qui s’amusent à troller, la droite Make Québec Great Again se rabat sur la dénonciation de quidams en relayant des captures écran. « Regardez ce que la gauche est devenue », nous disent-ils en montrant des commentaires peu nuancés de personnes qui n’ont pas d’influence sur le grand public.

Ce ne sont pas les mêmes enjeux, mais ça me fait penser à ce qui se passe aux États-Unis avec Epstein et le déchirement que vivent les républicains MAGA. Nos débats sont pas mal moins saucés, mais quand même. Ajoutez à ça la bouette IA et ça donne tout un spectacle. Cet article de NBC m’a bien fait rire:
« Des chercheurs affirment qu'un réseau jusqu'alors inconnu de centaines de comptes sur X utilise l'intelligence artificielle pour répondre automatiquement aux conservateurs avec des messages positifs sur les personnes de l'administration Trump. Mais le mouvement MAGA étant divisé sur la gestion par l'administration des dossiers concernant Jeffrey Epstein, délinquant sexuel décédé, la communication des comptes s'est brisée, offrant des déclarations contradictoires sur le sujet et révélant la nature alimentée par l'IA de ces comptes. »
Des robots MAGA qui publient du contenu sur X grâce à l’intelligence artificielle ont commencé à se chicaner entre eux au sujet d’Epstein. C’est aussi ça, les réseaux sociaux de demain (d’aujourd’hui). Un magma de bouette IA qu’il est de plus en plus difficile de distinguer du reste.
Maintenant, est-ce que Bluesky est un succès? Ça stagne un peu. Mais le ton est pas mal plus amical que celui sur X et quand je reviens voir mon fil X, je me rends compte que je ne manque absolument rien par rapport à Bluesky. Quelques nouvelles sportives et les publications de certains politiciens qui pensent que ça vaut la peine d’y rester. Sinon, j’ai les mêmes nouvelles, sans encourager un tech bro assez lousse sur le néonazisme.
Mon autre réseau social favori est Reddit. Son algorithme me propose un petit peu trop de publications sur l’automatisation à mon goût, mais ça me permet aussi de voir comment se crée l’internet moderne. Dans cette publication par exemple, un dude explique qu’il a créé un faux influenceur sur X qui génère du contenu avec l’IA et qui a obtenu près de 500 000 affichages en 7 jours.

Bref, bientôt, il ne restera que des bots qui se chicanent entre eux. J’ai déjà hâte.
L’histoire d’internet
C’est triste de voir ce que devient l’internet. Je viens de finir la lecture du livre « Load, une histoire d’internet » de Carl Bessette. C’est le premier tome. C’est un roman, mais pas vraiment. Un roman documentaire, mettons. L’auteur y raconte l’histoire de toutes les technologies qui ont mené internet. C’est vraiment passionnant.
On y trouve entre autres plein d’anecdotes fascinantes sur les génies des sciences, comme Grace Murray-Hopper, l’une des premières programmeuses dans les années 1940.
« Elle aida son mari à rédiger sa thèse en apprenant à lire le syrien, le babylonien ainsi que divers textes médiévaux. Dans ses temps libres, elle assista pour le plaisir à des cours du Vassar College sur une multitude de sujets : l'astronomie, la géologie, l'architecture. La vastitude du champ de ses connaissances devint légendaire sur le campus. Pour impressionner ses élèves, elle écrivait parfois une phrase au tableau qu'elle commençait de la main gauche en allemand et qu'elle achevait de la main droite en français. »
Et que dire de John von Neumann, le père de l’architecture des ordinateurs modernes:
« Il lui arrivait souvent d'impressionner les gens lors d'une fête en lisant une page de l'annuaire téléphonique puis en la déclamant sans faute par cœur. Un jour qu’il se fit demander de mémoire le premier paragraphe du roman A Tale of Two Cities de Charles Dickens, qu'il avait pourtant lu plusieurs années auparavant, il se mit à réciter le livre pendant dix minutes sans interruption, jusqu'à ce qu'on le supplie de s'arrêter. Il pouvait rédiger cinq pleines pages de formules mathématiques originales, époustouflantes et sans une seule erreur, avant le déjeuner, en robe de chambre.»
Bref, j’ai déjà hâte aux prochains tomes.
Musique
Bon, c’est vieux, mais je viens de la découvrir. Antoine Corriveau qui reprend Corridor de Laurence Jalbert.