Aujourd’hui, je vous parle d’une ultrariche progressiste, des démagos de la grève de la STM, de la dystopie cyberpunk dans laquelle on vit, de Céline Galipeau et pour les abonnés premium, d’excuses que je n’ai pas pu faire.

Ma carte vidéo Matrox

J’ai aimé beaucoup de choses du texte sur Claire Trottier dans La Presse dimanche dernier. On parle ici d’une riche héritière, hautement éduquée, qui se sert de son pouvoir pour faire bouger les choses dans le bon sens (ça dépend dans quel sens selon vous va le bon sens, évidemment). Elle travaille pour une meilleure justice sociale et fiscale et veut lutter contre les changements climatiques, entre autres.

« Claire Trottier me donne quelques exemples : les pipelines dans l’Ouest canadien et l’idée de mieux intégrer nos capacités militaires avec les États-Unis. « Je trouve ça extrêmement dangereux. Et puis, ce sont des positions qui renforcent, d’après moi, les intérêts de ceux qui ont déjà beaucoup de pouvoir au Canada. » Construire un nouveau pipeline, dénonce-t-elle, ne ferait qu’enrichir davantage des sociétés pétrolières en utilisant les impôts des citoyens ordinaires, tout en contribuant à la crise climatique. »

Ce n’est pas juste pour ça que j’ai aimé. C’est que Mme Trottier doit sa fortune à l’entreprise que son père à fondée: Matrox. À la fin de l’adolescence, j’avais économisé de l’argent pour pouvoir m’acheter une carte graphique Matrox (je crois que c’était la G200), qui me permettait de jouer à des jeux, d’une part, mais aussi de transférer de la vidéo du VHS au numérique et de regarder la télé sur mon ordi. À l’époque, c’était vraiment capoté, la télé sur mon ordi. J’avais pu « grabber » des vidéos de famille que j’ai encore, et des archives de vieux groupes des années 60 (j’ai mis ça sur TikTok, d’ailleurs). 27 ans plus tard, je gosse encore avec des fichiers vidéos. C’est même un peu mon travail. Et c’est pas mal moins compliqué qu’avec ma Matrox G200.

Ce que j’aime moins par contre, et ce n’est rien contre Claire Trottier, c’est que la philanthropie soit encore à ce point nécessaire pour faire bouger les choses et pour rattraper les balles qu’échappent nos gouvernements. Que les riches redistribuent leurs richesses, tant mieux, mais que ce soit eux qui choisissent à qui elle mérite d’être redistribuée, c’est un peu tannant. C’est leur argent, vous me direz. Mais il me semble qu’ils ne sont pas les mieux à même de juger qui a le plus besoin de leurs sous. Si le geste était vraiment purement altruiste, ils devraient pouvoir donner et laisser ceux qui savent où sont les besoins décider. On pourrait appeler ça des impôts. C’est une idée comme ça.

Plogues

Cyberpunk

Je suis allé la semaine dernière à l’émission Il restera toujours de la culture parler de l’essai Cyberpunk - le nouveau système totalitaire de Asma Mhalla. J’étais avec Maïka Sondarjee qui était pas mal plus éloquente que moi sur le sujet. C’est dans ce genre de situation que j’attends mes limites. Vous pouvez quand même écouter le segment pour découvrir pourquoi j’étais hypergossé de ce livre hyperampoulé et hyperredondant. Ça parle quand même d’un sujet qui m’inquiète beaucoup: l’alliance entre les politiciens populistes réactionnaires et les tech bros milliardaires (l’inverse de Claire Trottier, dans l’fond).

J’ai quand même aimé que l’autrice parle de science-fiction. Sa thèse est que nous ne sommes pas trop loin de la dystopie, de l’imaginaire cyberpunk et de sa « cage de fer technologique, quadrillant un monde surpeuplé, sur-pollué, où errent des individus désabusés (…) monopolisé par des mégacorporations, des États décadents et des techno-surveillants aux griffes invisibles qui manipulent tant les cerveaux que les corps, dans la fusion des humains avec les machines. » Je le dis souvent, les auteurs de science-fiction sont parmi les meilleurs pour décrire notre monde. J’ai souvent entendu parler de ce qui se passe avant que ça se passe parce que je l’ai lu dans un roman ou vu dans un film. Par exemple, des miroirs dans l’espace pour rediriger les rayons solaires? Déjà vu.

Prenez donc des notes, parce que cette semaine, Patrick Tanguay a relayé dans son infolettre le texte de l’auteur de science-fiction Charlie Stross qui estime que nous sommes à un pivot dans l’histoire de l’humanité parce que l’énergie fossile devient inutile, et ça fâche des gens importants :

« Ce que nous voyons en ce moment, c'est l'arrêt de l'économie de l'énergie fossile. Nous avons besoin qu'elle s'arrête ; si elle ne s'arrête pas, nous allons tous mourir de faim d'ici une génération environ. Cela mène déjà à des guerres pour les ressources, des famines, des bouleversements politiques et de l'insécurité (et quand les gens se sentent en insécurité, ils se rallient à des démagogues qui leur promettent des solutions faciles : d'où les éruptions de fascisme). Les ultrariches ne veulent pas que ça s'arrête parce qu'ils ne peuvent pas concevoir un avenir où ça s'arrête et où ils ne conservent pas leur suprématie. (…) Ceux dont la richesse est basée sur la propriété d'actifs de combustibles fossiles encore dans le sol ont de bonnes raisons d'avoir peur : ce sont déjà presque des actifs irrécupérables, et nous nous dirigeons vers un avenir où l'électricité sera presque trop bon marché pour être mesurée. »

Il termine son texte en disant que si on survit aux cinq prochaines années, ça devrait être pas pire pour la suite. Fiou.

La grève de la STM

Quelle ne fût pas ma surprise cette semaine de découvrir que les Éric Duhaime et Mario Dumont de ce monde étaient des gros gros fans de transport collectif. Sur toutes les tribunes, le chef du PCQ nous dit que c’est un moyen de transport essentiel et qu’il faut absolument rétablir le service. Il a entre dit sur les ondes de BLVD FM:

« La gauche, elle est supposée défendre le transport collectif. Ils disent tous qu'il faut lâcher notre voiture pour s'en aller vers le transport en commun. Qui veut lâcher son char quand tu vois que tu vas être en otage par les syndicats, puis tu vas te prendre un mois, tu ne pourras pas te promener, tu ne pourras même pas travailler. Pis c'est les gens qui disent qu'ils veulent aider les pauvres. »

Le mot-clé ici est syndicat, évidemment. Pour pouvoir dénoncer les syndicats, Éric Duhaime est prêt à vanter les mérites de l’autobus. Mario Dumont a utilisé exactement la même formule du « ils nous disent de lâcher notre voiture » dans le Journal de Montréal le lendemain. Son texte s’intitulait « Vendez votre auto, nous disaient-ils! »:

« Où sont donc tous les élus, écologistes et beaux penseurs qui suggéraient aux citoyens des villes de se débarrasser de leur véhicule personnel? Dans la ville moderne, on mise sur le transport collectif! L’auto solo c’est pour les dinosaures! »

Il aimerait que les écolos dénoncent le syndicat d’empêcher le monde de prendre le métro. Une fameuse technique, souvent employée par les collègues de M. Dumont: Pourquoi les musulmans modérés ne dénoncent pas les islamistes radiaux? On pourrait aussi dire, pourquoi les automobilistes modérés ne dénoncent pas Mario Dumont?

De toute façon, j’aimerais bien savoir, qui donc disait « vendez votre auto »? Surtout, c’est une grève momentanée. Si vous avez vendu votre char parce que des influenceurs mystérieux vous avaient intimé de le faire, vous êtes capables de comprendre que bientôt, la grève sera terminée. Des fois je me dis que ce genre de chronique, ce serait mieux de la sous-traiter à l’IA, qui serait capable de réaliser qu’une situation anecdotique, tu bases pas tes politiques là-dessus.

Je pense que les gens qui n’ont pas d’auto sont capables de voir un plus loin que la grève et juger que le métro va reprendre du service un moment donné. Ça veut pas dire qu’on ne peut pas être contre la grève. Personnellement, je trouve que c’est assez dommage de miner l’appétit des citoyens pour le transport collectif d’une telle façon. Et je pense que les employés de la STM ont des pas pires conditions de travail. Mais de dire qu’il faut préserver la dominance de la voiture parce que la STM est en grève pendant quelques jours, ce n’est pas très subtil.

Les chroniqueurs ne vont pas aimer ça.

Parlant de chroniqueurs pas très intellectuellement honnêtes, j’ai lu d’une traite Hubris, le brûlot de Simon-Pierre Beaudet. Il décrit la décennie 2010-2020 qui a mené au pétrin dans lequel nous sommes. La phrase « les chroniqueurs n’ont pas aimé ça » revient régulièrement tout au long de l’essai.

Je recommande fortement.

Céline et Mamdani

Vous ne le savez peut-être pas parce que nous ne fréquentez pas les mêmes sphères que moi, mais une grosse histoire des derniers jours est cette publication de Céline Galipeau sur X.

Sur les réseaux sociaux et à la radio, des gens ont déchiré leur chemise devant cet appui à Mamdani. C’est sûr que c’est une phrase équivoque, et devant le tollé (essentiellement, des trolls qui ont dû la harceler), elle a donc fait une précision.

Les gens virent fous pour pas grand-chose. Honnêtement, ça me surprendrait que Mme Galipeau rédige ses publications elle-même. En fait, c’est carrément le texte de son téléprompteur au TJ ce soir-là.

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Je me demande quand même à quoi ça sert d’être encore sur X pour des personnalités comme ça, mais bon. Une étude dévoilée cette semaine nous disait d’ailleurs que « les nouveaux comptes X, quelle que soit leur orientation politique, étaient plus susceptibles de se voir présenter du contenu d'extrême droite ». Ce réseau est une machine à radicaliser. En passant, Bluesky a atteint le plateau des 40 millions d’utilisateurs…

Ronald et Pierre

J'ai passé la semaine dernière à la radio une blague qu'a fait Pierre Poilievre devant la Chambre de commerce de Québec. Quelqu'un m'a écrit que c'était une blague piquée à Ronald Reagan, alors j'ai fait un petit montage.

Melon de Montréal

Ça fait longtemps que je suis ce qui se passe avec le melon de Montréal. J’avais découvert son histoire en écrivant les scénarios de la série documentaire MTL. Bernard Lavallée est sur le dossier et il en retrace l’histoire dans le micromag d’URBANIA. Très intéressant!

Musique

Mon ami Oliver dit que c’est le boutte de la marde, ROSALIA. Je n’ai pas encore écouté beaucoup, mais j’aime bien cette pièce (avec Bjork).

⚑ PREMIUM - Pas d’excuses

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