Aujourd’hui, je vous parle de l’importance du dialogue, de climat social et pour les abonnés premium, d’un déchet subventionné du système (moi).
L’importance du débat, des fois
Semaine plutôt déprimante dans le monde du commentariat sur Internet avec l’assassinat de Charlie Kirk. Ça m’a vraiment inquiété pour la suite des choses. C’est comme si tout d’un coup, tout le monde avait une opinion sur cet homme qui n’était probablement connu que d’à peine 1% de la population la semaine dernière. Même moi qui suit tout ça de près, je le connaissais surtout de réputation. C’est comme si les algorithmes nous forçaient à avoir une opinion sur son meurtre, comme l’explique Brian Merchant:
« Mais un événement intrinsèquement « médias sociaux » exige non seulement que vous ressentiez de l’indignation, ou même que vous réagissiez à l’indignation des autres, mais que vous succombiez à cette compulsion de vous joindre à la conversation, de simuler une sorte de participation à l’histoire. Il exige que vous ressentiez un besoin aveugle de « faire quelque chose » et de le transcrire sur l’écran, de faire votre déclaration. (J’ai vu beaucoup d’utilisateurs commenter le fait que c’était comme si les gens publiaient leurs propres communiqués de presse, ce qui était juste, et ça a toujours été un peu comme ça.) Corriger les grands comptes qui se trompent manifestement et « dénoncer » ceux qui répandent la haine, et ainsi de suite. »
Si c’était arrivé il y a 15 ans, j’ai l’impression qu’on en aurait beaucoup moins parlé au Québec. C’est juste impossible aujourd’hui de ne pas voir passer ça dans nos fils.
Beaucoup de ces personnes qui ne savent rien du personnage font appel au dialogue plutôt qu’à la violence. C’est une très bonne chose, le dialogue pour remplacer la violence. Mais ce n’est pas l’un ou l’autre. On n'est pas obligés de choisir. Ne pas dialoguer avec des gens comme Charlie Kirk ne veut pas dire qu’on veut les occire. Mais les adeptes locaux de Kirk et ceux qu’ils influencent ont sauté sur l’occasion pour dire que tout ça était bien la preuve qu’il ne fallait pas démoniser les gens comme cet influenceur MAGA et plutôt discuter avec eux.
L’affaire, c’est que le débat n’est pas nécessairement la meilleure façon de faire avancer les idées. Je dirais même, en tant qu’extrémiste de l’introversion, que le débat vu comme une compétition qui détermine un gagnant n'est pas très productif. Personnellement, je suis pourri dans un débat. Est-ce que ça veut dire que les idées que je défends sont moins bonnes que celles d’un autre débatteur? Si je ne sais quoi répondre devant un intégriste religieux qui a des arguments irrationnels, que je suis bouché, est-ce que ça veut dire qu’il a gagné le débat? Les débats dans les médias sont trop souvent des chicanes entre des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent.
Surtout, cette obligation de dialogue dont ces personnes font la promotion ne sert que ceux qui ont des idées extrêmes. Pourquoi un homosexuel devrait s’obstiner avec un homophobe pour le convaincre qu’il a tort et que la bible n'est pas une source valable? On devrait essayer de persuader quelqu’un qui pense que la femme devrait rester à la maison qu’il est dans le champ? Tout ce que ça fait, c’est de donner de la visibilité à ses idées. On ne convaincra personne de changer de position en le faisant.
Charles Beauchesne avait cette réflexion sur Facebook:

Dans le même genre, Monique Canto-Sperber, une philosophe française, souligne dans un livre:
« Les tenants d'une parole affranchie de tout tabou peuvent bien se présenter comme des martyrs de la liberté d'expression, comme les seuls qui osent parler quand «On ne peut plus rien dire». Mais il ne faut pas oublier que ce qui est le plus dangereux dans leurs propos n'est pas ce qu'ils disent, ni même ce qu'ils suggèrent, mais ce qu'ils cherchent à obtenir en demandant un débat, à savoir imposer leur discours. En se réclamant de la liberté d'expression, leur stratégie est de contraindre moralement ceux qui ne veulent pas entendre leurs propos à les écouter quand même. »
C’est ce qu’il faut garder en tête quand ceux qui profitent de ces événements nous disent qu’il faut arrêter de dénigrer ces influenceurs radicaux et les inclure davantage pour éviter la violence. Il faut être empathique, respectueux, essayer de comprendre. Est-ce obligatoire de débattre? Je ne pense pas.
Plogues
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- 🎥 OLI 24/7 - Toute la planète parle du remaniement ministériel à Québec (ou pas)
- 🎥 OLI 24/7 - Comment décrire Charlie Kirk et la gauche qui veut tuer tout le monde
À qui la faute?
Maintenant, qu’est-ce qu’on peut faire pour diminuer les tensions? Pas grand-chose, j’ai l’impression. Ça fait des années que je documente l’agressivité de la droite populiste au Québec. Elle a redoublé d’ardeur dans les derniers jours. Je vous disais il y a quelques temps que sur X, la droite « de Québec » (disons la droite pirate) se chicanait avec la droite nationaliste depuis le départ des progressistes, il semble maintenant que la droite démago est aussi en chicane avec les bons gens des radios de Québec.

Tout le monde s’accuse de vouloir annuler l’autre et se crinque entre eux. En gros toutefois, ils s’accordent pour dire que la violence, en dépit des faits (que le DOJ veut cacher, d'ailleurs), est principalement l’oeuvre des gauchistes radicaux. Suite à l’attentat de la mosquée de Québec, des animateurs de radios ont pleurniché pendant des jours parce qu’une personne les avait associés à cette histoire. Ils étaient scandalisés que quelqu’un puisse évoquer un lien. Ils avaient probablement raison, mais aujourd’hui, ça fait bizarre de les voir tirer partout pour identifier les responsables du meurtre de Charlie Kirk.
Depuis quelques jours, j’entends et lit des choses troublantes. À Radio X, deux animateurs ont appelé à un soulèvement des « blancs qui veulent des familles » comme les progressistes se sont soulevés pour George Floyd:
« En fait, c'est un message pour nous dire qu'il faut passer le message que c'est fini. C'est fini les niaisages de gaucherie, extrémistes, de folie. Oui, vous pouvez exister, mais faites-nous pas chier. »
Selon eux, l’extrême gauche « veut tuer tout le monde ». Ça donne des frissons. Et je n’ai pas osé aussi mettre les bouts où ils parlaient des trans parce que je trouvais ça trop grossier. Sur la même station, un animateur a dit qu’il était « ébahit à quel point cette gauche-là est méchante, violente et dangereuse ». C’est le même qui nous disait cet été qu’il fallait comprendre les soldats arrêtés pour terrorisme, parce que ce sont des gens qui ne sont pas entendus:
« J'en veux pas de ça, mais je pense que les artisans de ce malheur-là, c'est souvent les gens à côté de qui on place un crochet une fois aux quatre ans. (...) Les gens sont à boutte. Ils cherchent des solutions, ils n'en ont pas. Ils ne sont pas capables de se faire entendre. »
C'est vrai qu'il faut entendre tout ces gens. Je doute quand même que ce soit une bonne idée de dire que les politiciens menacés sont les artisans de leur malheur.
Ces mêmes personnes qui appellent à la révolte des gens ordinaires contre les wokes et les intellos nous disent que l’extrême gauche est le pire des fléaux et que la preuve en est que la gauche violente s’est réjoui de l’assassinat de Charlie Kirk. Il y a effectivement des exemples de ça et c’est déplorable, mais on parle la plupart du temps de quidams et pas de personnes réellement influentes. Nos influenceurs locaux ont aussi identifié Bluesky comme une plateforme à la gloire de l’assassin de Kirk et un asile à ciel ouvert. Je reviens à Brian Merchant qui a comparé les réactions sur X et Bluesky:
« Je peux affirmer avec certitude que la réaction a été similaire sur les deux plateformes : la grande majorité des publications allaient de « la violence n'est jamais la réponse » à « rien de bon ne résultera de cela », en soulignant des citations précises de Kirk sur la violence armée. On pouvait trouver quelques publications sur les deux plateformes du type « il l'a mérité », mais elles constituaient une minorité évidente et claire. »
Dans un phénomène semblable, les figures de proue de la droite nationaliste répètent sans cesse qu’ils ne peuvent pas parler d’immigration (par exemple), sans se faire traiter d’extrémiste de droite ou de nazis. Encore cette semaine, Mathieu Bock-Côté s’en plaignait sur CNews.
Et le lendemain
Il l’a aussi écrit dans le Journal de Montréal.
Nic Payne, ancien d’Option Nationale devenu chroniqueur et Dominic Maurais disaient quelque chose de semblable cette semaine (on dirait presque du plagiat, d’ailleurs):
- Aussitôt que tu remets un peu en question l'immigration. T'es un extrême droite, t'es un nazi, t'es un fasciste. À un moment donné, l'hitlérisation devient de l'hystérisation.
- Bien, ça pourrit le climat parce que ça dit le message, au fond, derrière ça, puis tu as vu la réaction, je n'ose pas la nommer. Il y a une actrice, une comédienne connue hier. Je n'ose pas la nommer parce que je. J'essaye encore de croire que c'est un faux ou c'est pas arrivé pour vrai, mais elle s'y réjouit. Il y en a au Québec, il y en a ailleurs aussi. Ça, ce que ça dit, parce que ça s'inscrit dans cette affaire-là, dans cette idée-là de nazifier tout le monde.
Mais qui dans nos médias qualifient Bock-Côté de nazi ou l’associent à l’extrême droite? Personne. Je ne sais pas pour la France, mais ici, ça n’arrive pas. À la limite, il y a Ruba Ghazal qui a dit que Duhaime était un petit Trump, mais je suis pas mal sûr que si quelqu’un avait traité les gens qui « osent » parler d’immigration de nazi, je l’aurais vu passer. Dans le cas de Kirk, un chroniqueur à dit qu'il voulait réhabiliter Hitler et disons que ça ne s'est pas bien passé.
Bref, on essaie de peindre un portrait où la gauche censure, est violente et ne veut pas dialoguer, et on invite les gens à se rebeller contre tout ça. Toute remise en question de ça est perçue comme un déni du dialogue. J’aurais tendance à dire qu’on est dans la marde.
Musique
Bon, une petite toune de 12 minutes pour se remettre de tout ça. You Do Right avec Population ii et Nolan Potter.
⚑ PREMIUM: Le déchet subventionné du système
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