Comment je travaille et pourquoi j’aurais dû être responsable de SAAQclic

Le paradoxe de Jevons, Gilles Proulx nous parle d’ICI Première, et pour les abonnés premium, je raconte la fois où j’ai rencontré Jean Charest.

Comment je travaille et pourquoi j’aurais dû être responsable de SAAQclic

Dans l’infolettre aujourd’hui: le paradoxe de Jevons, Gilles Proulx nous parle d’ICI Première, et pour les abonnés premium, je raconte la fois où j’ai rencontré Jean Charest.

Avant d’aller plus loin, je suis en train de tester les canaux qu’offre maintenant Facebook pour rejoindre les membres d’une page directement. J’imagine que c’est une façon de s’affranchir des algorithmes. Vous pouvez vous joindre à mon canal ici. Je suis encore en train de décider ce que je vais en faire et la fréquence de publication pour ne pas être trop achalant. Vous me direz ce que vous en pensez.

Le paradoxe de Jevons

J’en ai un peu parlé la semaine dernière, mais je passe beaucoup de temps en ce début d’été à gosser sur mes outils, processus et méthodes de travail. Quoi de mieux que des vacances pour travailler sur son travail? Parce que pendant le reste de l’année, quand je travaille, je n’ai pas le temps de penser à comment je travaille. Vous me suivez?

D’abord, grande nouvelle, j’ai presque terminé de mettre des petites photos sur mon index de mots-clés associés à des citations. Ça fait une très belle page pour naviguer à travers les plus éloquentes déclarations de vos personnalités préférées.

Index
par Olivier Niquet

Mon prochain chantier à cet égard sera d’optimiser ces pages pour les moteurs de recherche (SEO). Du gros fun en perspective.

Je voulais aussi trouver le bon outil pour créer une base de connaissances à partir de tout ce que j’ai produit au fil du temps. Une base que je pourrai interroger au besoin. Finalement, l’option d’une intelligence artificielle en local ne tient pas la route. C’est que l’intelligence est un peu conne. Elle aurait besoin que je l’aide, que je la tweake beaucoup trop pour que j’en arrive à quelque chose d’efficace. La meilleure option reste NotebookLM de Google. Il y a malheureusement des limites, mais c’est ce qui donne les meilleurs résultats pour le moment.

Certains d’entre vous m’ont demandé quels outils j’utilisais au quotidien pour mon travail. Ça m’arrive périodiquement de vous parler de ça. J’ai d’ailleurs demandé à NotebookLM de me sortir la liste des applications de prise de notes dont je vous ai parlé ici:

Google Keep, Dynalist, Todoist, Apple Notes, Trello, Notion, Apple Rappels, Drafts, Ulysses, Obsidian, Raindrop.io, iA Writer, Google Docs.

Je suis passé au fil du temps de l’un de ces outils de prise de notes à l’autre et vice versa. Cette saison, pour mon travail, j’ai surtout utilisé Ulysses, Google Docs et Rappels.

En gros, j’utilise les rappels pour noter les choses que je dois écouter. Que ce soit sur mon ordi, mon iPad ou mon iPhone, je peux envoyer dans Rappel un lien que je vois sur un quelconque réseau social pour que je pense à l’écouter plus tard. Si je vois un extrait vidéo sur X, quelqu’un qui cite sur Bluesky quelque chose qu’il a entendu, un lien publié sur Reddit vers une entrevue qui pourrait être intéressante, j’envoie ça dans ma « todo » pour aller écouter ça quand j’aurai le temps.

C’est à partir de ça, mais surtout en me promenant sur les différents sites médiatiques, que je choisis quoi écouter ou voir. Généralement, je télécharge les contenus que je veux regarder ou écouter au complet à l’aide d’une extension pour Firefox (mais de c’temps-ci, je suis en train de tester Vivaldi) et j’écoute ça à la vitesse 2x dans l’application de montage audio/vidéo Twistedwave. Je peux donc découper au fur et à mesure ce que je pense utiliser dans mes chroniques radio. J’ai un dossier avec toute la collection d’extraits, mais aussi un dossier temporaire que je nettoie automatiquement à l’aide de l’application Hazel qui fait le ménage de ce que j’ai déjà utilisé ou de ce que je n’utiliserai clairement pas parce que ça fait trop longtemps que c’est là.

J’utilise Google Docs pour écrire mes chroniques à la radio, parce que c’est ce que nous prenons pour partager nos contenus au sein de l’équipe. Pour mon infolettre quotidienne, ou pour écrire en général, j’utilise Ulysses. Ulysses a l’avantage de permettre la publication directement sur la plateforme de cette infolettre (Ghost) et d’intégrer les raccourcis d’Apple. Je me sers beaucoup de ces raccourcis, entre autres pour mon infolettre quotidienne. Je lis mes journaux sur mon iPad et quand une nouvelle m’intéresse, je sélectionne un bout de cette nouvelle et j’appuie sur un raccourci qui me pose des questions: quel commentaire je veux ajouter, est-ce que je veux en parler dans Olivier Niquet en jaquette, est-ce que c’est un sujet qui pourrait être aussi intéressant pour mon infolettre hebdomadaire? Dépendamment des réponses, le résultat est associé au bon dossier. Ensuite, quand je vais dans Ulysses, j’ai mon contenu parfaitement formaté et je n’ai qu’à mettre toutes les nouvelles ensemble et les envoyer dans Ghost.

Pour créer les images que j’utilise, je me sers de Pixelmator et des raccourcis. Je n’ai qu’à télécharger une image, la sélectionner et choisir mon raccourci et pouf, ça me fait une image comme ça, avec un beau timbre-poste:

J’ai aussi un raccourci pour faire les vignettes des vidéos que je publie sur YouTube.

Même chose avec les citations que je veux publier. J’ai automatisé tout ça. Un raccourci récupère le fichier audio, fait la transcription avec Whisper, et crée un texte formaté dans Ulysses que je peux envoyer sur mon site.

J’utilise beaucoup Raycast aussi, un lanceur d’application pour le Mac qui est très efficace. Il intègre toutes sortes d’affaires comme l’historique de copier-coller (d’ailleurs, ça devrait être la base pour tout le monde, d’avoir un outil de gestion de « clipboard », plutôt que d’aller sans cesse copier et recopier des affaires). Il y a énormément d’options dans Raycast, alors vous irez voir si ça peut vous être utile. Par exemple, je peux sélectionner du texte et appuyer sur deux touches pour automatiquement avoir une traduction du texte via l’intelligence artificielle. Assez pratique. Apple semble avoir piqué pas mal des idées de cette application pour les intégrer dans la prochaine édition d’OSX, alors Raycast deviendra peut-être obsolète.

En ce moment, je suis à m’amuser à créer des scripts pour essayer de rendre tout ça encore plus efficace. Avec le vibe coding, un nouveau monde s’ouvre à moi. Clairement, c’est moi qui aurais dû présider à l’instauration de SAAQclic.

Tout ça pour dire que ça demande beaucoup de travail, bien travailler. Ça m’amène à vous parler du paradoxe de Jevons (je sais, ça fait un long préambule). Tout ça, c’est mon petit Jevons à moi. C’est quoi Jevons? C’est un concept qui dit que contrairement à l'intuition, les améliorations technologiques qui augmentent l'efficacité avec laquelle une ressource est utilisée peuvent en réalité entraîner une augmentation de la consommation totale de cette ressource, plutôt qu'une diminution:

« Le terme est apparu en 1865 lorsque William Stanley Jevons a remarqué quelque chose de particulier à propos du charbon : le rendre plus efficace à utiliser, et les gens en brûlaient plus, pas moins. Ce paradoxe a assombri chaque avancée technologique depuis. L’efficacité n’apprivoise pas nos appétits ; elle les aiguise. Nos innovations deviennent des trampolines pour nos désirs. L’informatique et l’IA présentent une version forte du paradoxe de Jevons, car les avancées techniques en matière d’efficacité font rapidement baisser le coût par calcul. La demande potentielle de calcul continue de croître avec les nouvelles capacités et innovations de l’IA, et aucun point de saturation évident n’apparaît en vue. À mesure que l’informatique devient moins chère, les possibilités se multiplient. Chaque nouvelle capacité engendre mille cas d’utilisation, et notre consommation de ressources s’épanouit, radieuse et affamée. »

Bon, évidemment, c’est un truc à plus grande échelle que mon petit environnement de travail, mais ça ressemble quand même à ce que je fais: je passe trop de temps à rendre mon travail efficace et donc, je travaille moins.

Une fois que j’ai eu écrit tout ça, je suis tombé sur ce texte de Joan Westenberg sur les gens qui flashent leurs outils technologiques.

« Le sociologue Max Weber a rattaché les origines de la discipline capitaliste à l'éthique protestante : une croyance en le travail acharné, la gratification différée et les signes visibles d'effort comme substitut au salut. Remplacez le salut par la crédibilité et vous obtenez la version "startup". Un outil n'est pas bon parce qu'il est rapide ou élégant, mais parce qu'il montre que vous faites des efforts. Que vous avez lutté contre le désordre. Que vous avez suffisamment souffert pour mériter des résultats. Plus le système est complexe, plus vous devez montrer que vous vous en souciez. Considérez la fréquence à laquelle vous entendez des expressions comme "notre base de connaissances interne" ou "nous avons développé un CMS personnalisé pour cela". C'est rarement nécessaire. Ce sont des affectations — des signaux de statut conçus pour montrer que vous jouez en mode difficile. Les outils simples deviennent suspects. Utiliser Apple Notes ou Google Docs, c'est comme admettre que vous n'avez pas pris la peine d'inventer votre propre langage. Mais c'est une étrange inversion. Dans la plupart des domaines, la simplicité est le résultat de l'expertise. Dans la tech, c'est perçu comme un signe que vous ne faites même pas d'efforts. »

Il y a peut-être du vrai là-dedans. J’imagine qu’il y a un équilibre à avoir. Personnellement, j’ai l’impression que le temps que me fait économiser tous les raccourcis que je concocte fait que je ne suis pas ralenti par les aspects techniques de mon travail: découper, mettre en forme, traduire, transcrire, publier, filtrer, etc. Je peux donc me concentrer à offrir des chroniques de meilleure qualité.

Mais c’est vrai qu’il y a une industrie autour de la productivité:

« La peur n'est pas qu'un outil simple ne fonctionne pas. La peur, c'est qu'il fonctionne — et que son succès rende votre complexité... performatrice. Ainsi, au lieu de la chose ennuyeuse qui fonctionne, les gens se tournent vers la chose intéressante qui ne marche pas. Cela explique l'attrait du "productivity porn", ces innombrables vidéos TikTok et YouTube où des gens expliquent leurs "second brains" (ou "deuxièmes cerveaux"). Personne ne regarde ces vidéos pour apprendre. Ils les regardent pour avoir l'impression de faire partie d'une classe d'élite qui transcende le quotidien.»

Quand j’en aurai terminé avec ma carrière radiophonique, je pourrai peut-être devenir un influenceur de la productivité…

Déménagement

Parlant d’influence, Steve Proulx vient d’annoncer qu’il quittait Substack pour adopter la même plateforme que moi.

Angle Mort, par Steve Proulx
La chronique à lire avant d’être dépassé(e).

Je crois comprendre que cet article a cloué le clou dans le cercueil de son infolettre Substack. Ce sont les mêmes techbros qui foutent le bordel dans nos vies qui sont derrière le financement de Substack. Les usagers sont encore une fois le produit:

« Lorsque vous envoyez vos fans s’abonner à votre publication, ils ne se contentent pas de rejoindre votre liste, ils rejoignent désormais la base d’utilisateurs de Substack. Substack pousse votre audience vers leur application à chaque occasion qu’ils ont. À l’intérieur de votre e-mail de bienvenue. À l’intérieur de chaque e-mail que vous envoyez. Chaque fois que votre lecteur ouvre votre publication sur un appareil mobile. »

Il y a beaucoup de gens que j’estime qui se partent des Substack. C’est correct, c’est simple, efficace et gratuit. C’est aussi plus facile de gagner des abonnés en se servant de la base de Substack. Mais pour garder une plus grande indépendance, il y a mieux.

Gilles Proulx à Hockey 30

Je vous ai déjà dit à quel point Hockey 30 était de la bouette. Ça n’empêche pas Gilles Proulx d’aller y faire un tour. Il y a entre autres expliqué pourquoi il avait été flushé de QUB Radio (c’est parce qu’il y a déjà trop de nationalistes, selon lui). Il y est aussi allé de sa description édifiante de ICI Première.

0:00
/0:56

Peut-être qu’il était juste trop réactionnaire, même pour QUB? Merci à Oliver de m'avoir envoyé ça.

Musique

Feu! Chatterton nous offre un nouveau single:

⚑ PREMIUM: Jean Charest et moi

Contenu Premium

Cette publication est réservée aux membres payants

Inscrivez-vous maintenant pour lire la publication et accéder à la bibliothèque complète réservée aux abonnés.

✦  S'Inscrire Vous avez déjà un compte ? Se Connecter