Christian Rioux, à propos des statues déboulonnées

Christian Rioux, à propos des statues déboulonnées
Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas, disait Malraux. Du genou au sol à l’autoflagellation, en passant par le déboulonnage des statues, les résonances mystiques de ce que nous avons vu depuis deux semaines sautent aux yeux. Les militants qui hantent nos boulevards ne cherchent pas tant à réformer la police ou une administration quelconque qu’à purger le monde du racisme comme hier d’autres mystiques — aussi bien laïcs que religieux d’ailleurs — voulaient le purger du mal. Née d’une image, cette révolte ne pouvait trouver sa rédemption que dans la destruction d’autres images. Les nouveaux iconoclastes n’ont rien inventé. Ceux d’hier ont saccagé les statues de la Vierge Marie pendant les guerres de Religion, pillé les églises pendant la Terreur et fait exploser les Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan. Dans tous les cas, il s’agissait d’abord de purger les âmes, de faire table rase du passé et de se débarrasser des symboles de l’ancienne croyance.

Les Dieux ont soif

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